Saint-Lô (France) – Le gouvernement déploiera autant de bracelets anti-rapprochement et de “téléphones grave danger” que nécessaire pour protéger les femmes de la violence de leurs ex-conjoints, a annoncé vendredi le Premier ministre Jean Castex.
“Il n’y a pas de problème de moyens” pour financer ces équipements, a souligné le chef du gouvernement lors d’un déplacement à Saint-Lô à l’occasion du deuxième anniversaire du lancement du Grenelle contre les violences conjugales.
Un millier de bracelets anti-rapprochement, imposés par la justice aux hommes violents pour les contraindre à rester à distance de leur victime, sont à disposition des magistrats et 245 sont “actifs”, a précisé M. Castex, mais “nous en achèterons autant que nécessaire”, a-t-il insisté.
De même, 2.310 “téléphones grave danger”, qui permettent aux femmes d’appeler les secours en urgence et d’être géolocalisées, sont déployés, dont 1.652 “actifs”. L’objectif de 3.000 téléphones déployés d’ici novembre sera tenu, et “si fin novembre les besoins continuent d’augmenter, nous en mettrons autant que nécessaire à disposition des juridictions”, a encore souligné le chef du gouvernement.
Accompagné de trois de ses ministres, Eric Dupond-Moretti (Justice), Elisabeth Moreno (Egalité femmes/hommes) et Marlène Schiappa (Citoyenneté), M. Castex était venu dans la Manche pour s’assurer de la bonne application sur le terrain des 46 mesures décidées à l’issue du Grenelle.
Les ministres ont visité un “centre d’hébergement et de réinsertion sociale” pour femmes victimes de violence, à Saint-Lô, où M. Castex s’est entretenu en privé avec deux des résidentes.
Les femmes victimes de ce “fléau” ne doivent pas attendre “le 2e, 3e ou 4e épisode de violences” pour être mises à l’abri, a insisté M. Castex, qui a signé une circulaire visant à améliorer la coordination et l’échange d’informations entre policiers, magistrats, associations…
Pour “améliorer la détection des signaux faibles”, le gouvernement a prévu de créer un fichier des auteurs de violences conjugales, mais la création de ce nouvel outil prend du retard, a-t-il reconnu.
La conformité du projet avec la loi “informatique et libertés” doit être vérifiée, “et cela prend du temps, un peu trop à mon goût, puisqu’on nous dit que ça prendra 18 mois”, a regretté M. Castex, qui “serait heureux” si “on pouvait accélérer ces délais”.
Depuis le début de l’année, 76 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le Premier ministre. L’an dernier, le bilan avait atteint 102 victimes, après 146 en 2019.
Pour la Fondation des femmes, la “persistance des violences” montre qu’il faut compléter l’arsenal des mesures, et que les moyens financiers dédiés à cette cause sont toujours “largement insuffisants”.
“J’aimerais entendre le gouvernement dire qu’il met les moyens +quoi qu’il en coûte+ pour défendre les femmes”, a dit à l’AFP Anne-Cécile Mailfert, la présidente de cette fondation. Annoncée comme une priorité du quinquennat, cette lutte est menée “avec des bouts de ficelle”, a-t-elle regretté.
Selon elle, il faudrait par ailleurs multiplier par 10 le nombre d’ordonnances de protection accordées aux femmes qui se disent en danger, en attendant qu’elles réunissent les éléments pour étayer leur plainte. Mais les magistrats sont encore trop “réticents” à utiliser cet outil, a-t-elle estimé.
Enfin, plaide la fondation, il faudrait développer des “stages de responsabilisation” des agresseurs, et améliorer leur suivi par les services de probation et d’insertion pénitentiaires.