Rabat – La Commission nationale pour la prise en charge des femmes victimes de violence (CNPCFVV) a présenté, lundi à Rabat, son premier rapport annuel, en vue de promouvoir la protection des femmes violentées, en accord avec les objectifs fixés par la loi n° 103.13.
Le rapport (76 pages), qui retrace les données relatives à cette question durant l’année 2020, comprend les statistiques réalisées par un nombre de départements concernés par le traitement des cas de violence fait aux femmes, dont plusieurs secteurs ministériels, les autorités judiciaires, la Sûreté nationale et la Gendarmerie royale.
La CNPCFVV a émis une série de recommandations relatives notamment à l’amélioration du système de prise en charge, la facilitation de l’accès des femmes violentées à la Justice, l’amélioration des mécanismes d’accompagnement et de veille, la conclusion de partenariats et la consolidation des opérations de collecte des données.
Fruit du soutien du programme conjoint entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe intitulé “Soutien régional à la consolidation des droits de l’homme, de l’État de droit et de la démocratie dans le sud de la Méditerranée” (Programme Sud IV), le rapport CNPCFVV a été co-financé par les deux organisations et mis en œuvre par le Conseil de l’Europe.
La présidente de la CNPCFVV, Zhour El Horr, a indiqué dans une déclaration à la MAP que la réalisation de ce premier rapport est le fruit de l’ouverture d’un large dialogue avec les acteurs concernés notamment les cellules, les commissions locales et régionales qui examinent quotidiennement les cas de violence.
“Les réunions avec ces entités ont permis de dégager des contraintes et des obstacles mais aussi des pratiques réussies qui doivent être généralisées”, a-t-elle argué, ajoutant que la Commission a ouvert le dialogue avec la société civile compte tenu de son expérience cumulée en la matière, notamment les centres d’accueil et d’écoute.
Mme El Horr relève, d’autre part, que la Commission a formulé des recommandations et observations pour juguler les contraintes et obstacles rencontrés dans le traitement quotidien des cas de violence, notant que ces propositions seront soumises aux différents départements concernés, notamment la Santé, la Sûreté nationale, la Gendarmerie royale et la Justice.
De son côté, la ministre de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, Jamila El Moussali a affirmé dans une déclaration similaire que “85 espaces multifonctionnels dédiés à l’accueil des femmes victimes de violence verront le jour d’ici à fin 2021 sur l’ensemble du territoire national.
Ces espaces, dont plusieurs ont été déjà inaugurés notamment à Tanger, Dakhla et Meknès et d’autres villes, sont des structures sociales de proximité qui misent sur la convergence des différents intervenants, a-t-elle souligné en marge de la présentation du rapport annuel (2020) de la CNPCFVV.
“La violence faite aux femmes a un coût très élevé pour notre société, d’où la nécessité de l’adoption d’une approche participative en la matière pour éradiquer ce fléau”, a t-elle dit, ajoutant que face à ce fléau “complexe” avec les interconnexions entre plusieurs facteurs, “il faudra renforcer la coordination avec tous les acteurs concernés”.
L’ambassadrice de l’UE au Maroc, Claudia Wiedey, s’est félicitée, quant elle, de la présentation de ce rapport qui touche l’une des priorités de l’UE et compte tenu de sa grande importance en ce qui concerne les relations avec le Maroc, déplorant que la crise de la Covid-19 ait accéléré et augmenté cette violence.
“Nous avons appuyé le travail de cette Commission à travers un programme régional en compagnie du Conseil de l’Europe qui permet un transfert d’expériences vu que les défis en la matière au Maroc sont au même niveau en Europe”, a-t-elle dit, précisant que la présentation de ce rapport est “un point clé” dans la mesure où la commission a besoin davantage d’autonomie financière et organisationnelle pour mener à bien sa mission.
Ont pris part à cette rencontre, organisée en format hybride (présentiel et web), les membres de la CNPCFVV et plusieurs acteurs et partenaires dans la réalisation de ce rapport notamment des représentants du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) au Maroc, du Conseil de l’Europe ainsi que des juristes et académiciens.
La Commission nationale pour la prise en charge des femmes victimes de violence est un instrument national spécialisé, doté de l’indépendance administrative et décisionnelle, conformément aux dispositions de la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes et son décret d’application. Mise en place par le Chef du gouvernement le 5 septembre 2019, la CNPCFVV est composée de 19 membres représentantes et représentants des départements gouvernementaux et administrations centrales concernés par les violences faites aux femmes.