Par Yosra BOUGARBA

Rabat – Apparemment, tout prédestinait Rajae Chafil à devenir la guerrière climatique et l’experte en environnement chevronnée qui force le respect et l’admiration de ses collègues et de ses pairs, qui la surnomment “la Dame de Vert”.

Outre ses études spécialisées en environnement, la directrice actuelle du Centre marocain des compétences sur le changement climatique “4C Maroc” cultivait, depuis son jeune âge, une passion pour la nature, qu’elle trouve toujours “magique”, surtout pour “les plantes qui préfigurent avec poésie l’enchainement des saisons”.

Pur produit de l’école publique marocaine et “fière de l’être”, Mme Chafil a obtenu une licence en Biologie à l’Université Aïn Chok de Casablanca. Majorante de sa promotion, elle était titulaire d’une bourse de mérite du ministère de l’Éducation nationale qui lui avait permis de poursuivre son Diplôme des études approfondies (DEA) dans le domaine de l’environnement, préparé entre l’Institut européen d’écologie de Metz et l’Université de Droit et santé de Lille (nord de la France).

“En m’inscrivant au Doctorat par la suite, j’ai réalisé mon plus grand rêve : celui d’être en blouse blanche toute la journée et de faire de la recherche en lien avec les atteintes à la santé dues aux polluants atmosphériques. J’étais fascinée par les liens entre la qualité de notre environnement et notre santé !”, déclare à la MAP celle qui ne jure que de l’excellence et qui ne se contente pas d’un travail “fait à peu près”.

Après avoir décroché son Doctorat en “Toxicologie Industrielle et environnement”, elle se trouvait “devant un dilemme : rentrer au pays ou rester travailler en France ?”. “J’ai choisi la première option et j’ai rejoint l’Institut Pasteur du Maroc, puis le Département de l’Environnement dès sa première création en 1993”, nous raconte cette guerrière verte, engagée et passionnée.

“Mes études et ma passion pour l’écologie m’ont toujours servi dans mon travail à ce jour. J’ai pu ainsi développer des initiatives très novatrices”, dit avec fierté la première négociatrice marocaine en changement climatique depuis la COP2 tenue à Genève et qui a été désignée par la suite comme Présidente du Comité Scientifique de la COP7 sur les changements climatiques, organisée à Marrakech en 2001.

L’environnement est “un domaine où il est impossible de s’ennuyer puisqu’on est amené à gérer des questions nouvelles tous les jours”, se réjouit cette manager qui essaie de transmettre sa passion à ses jeunes collègues.

Même face à des “climatosceptiques” qui ne croient pas à la problématique des changements climatiques, ou face à des personnes peu sensibles à la cause environnementale, Rajae ne baisse pas les bras puisque contribuer à la protection des ressources naturelles ou de la santé de ses concitoyens lui procure “énormément de satisfaction”.

“Très protectrice” vis-à-vis de ses collaborateurs et dotée du sens de partage, Mme Chafil est une manager exigeante qui a pour devise “l’excellence” et pour mission la formation de la relève de demain à la cause écologique.

“Les détracteurs du management au féminin disent que +les femmes managent avec leur cœur+. Pour moi, c’est un plus qui aident les femmes à exceller dans ce qu’elles font”, lance une Rajae qui essaie de gérer des dossiers difficiles avec sérénité et en adoptant une “attitude positive”.

La persévérance, l’empathie et la confiance en soi sont les clés de la réussite de Mme Chafil, également membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement, qui conseille à toute femme qui vient d’entamer sa carrière d’avoir confiance en elle et d’être patiente face aux divers obstacles.

“Je la conseillerais également de ne pas prêter attention aux clichés qui collent aux femmes : une jeune femme peut très bien réussir sa carrière professionnelle, avoir une vie familiale épanouie et bien s’occuper de ses enfants sans culpabiliser”, insiste-t-elle avec un regard pétillant.

“En avançant doucement mais sûrement, son entourage finira par reconnaître ses qualités et ses compétences”, affirme notre dame qui adore le printemps et suit avec émerveillement l’évolution des bourgeons et des fleurs.