Par Khadija TAHIRI

 

La coalition “Parité maintenant” a lancé, récemment, une campagne nationale de collecte des signatures de la pétition nationale pour la réalisation d’une parité constitutionnelle à l’horizon de l’année 2030.

Dans une interview accordée à la MAP, la mandataire de la pétition, Ouafa Hajji met en avant le contexte du lancement de cette initiative, l’interactivité des acteurs politiques, partisans et civils avec cette pétition et ses perspectives.

 

1. Dans quel contexte cette initiative a-t-elle été lancée ?

La lancement de la pétition “Parité” s’inscrit dans le cadre de l’évaluation de la situation actuelle concernant la question des femmes au Maroc, en particulier après environ une décennie de la mise en œuvre de la Constitution de 2011 qui prévoit dans sa préambule le principe de l’égalité de droit et la non-discrimination. Néanmoins, la femme n’a pas réalisé ses aspirations dans la sphère institutionnelle et politique, c’est la raison pour laquelle ce projet a été lancé, dans ses débuts entre l’association Jossour forum des femmes marocaines et la Fondation allemande Friedrich Ebert. Après une série de réunions et des journées d’étude et de concertations entre tous les acteurs du domaine politique, syndical et associatif et du monde des médias, de l’art et de la culture, une charte a été signée et il a été, ainsi procédé à la création de la coalition “Parité maintenant” qui a eu l’idée de lancer la pétition et réaliser ses objectifs.

2. Comment les acteurs politiques, civils et partis politiques ont-ils réagi face à cette initiative?

Nous avons dûment préparé un dossier spécial pour la pétition, comprenant divers articles scientifiques établis par une équipe d’experts et de spécialistes pour la présentation d’un projet qui puisse intégrer tous les acteurs.

Ces derniers ont favorablement accueilli l’initiative et la majorité a confirmé son engagement au projet, notamment après la présentation du livre blanc comprenant des solutions détaillées face aux limites juridiques à même de garantir la bonne application des dispositions du préambule et de l’article 19 de la Constitution et les obligations internationales du Royaume.

3. Quel est le résultat des rencontres tenues avec les acteurs institutionnels et que pensez-vous de l’interaction des citoyens avec cette pétition?

Nous avons abordé les institutions partisanes et syndicales ainsi que le mouvement des droits de l’Homme et des femmes avec lequel nous avons entrepris un militantisme commun. De même, notre militantisme a connu un vaste accueil et un réel engagement de la part des citoyens.

À cet égard, il est nécessaire de simplifier les procédures relatives aux pétitions afin de parvenir à une démocratie participative et à une meilleure participation des citoyens aux mouvements de militantisme pacifique, à l’instar de tous les pays démocratiques.

La coalition n’a pas manqué de lancer le débat, auprès des acteurs, sur le contenu du Livre blanc et de soumettre un agenda au chef du gouvernement. Les retours des dirigeants des partis politiques, ont, pour la plupart, été positifs.

4. Un «Livre blanc» fut élaboré dans un souci de parité dans la sphère politique et institutionnelle. Quelle a été la méthodologie appliquée pour sa mise en œuvre?

Dans ce livre, toutes les lois organiques liées à la sphère politique et institutionnelle ont été harmonisées avec les dispositions de la Constitution, notamment son préambule et son article 19.

Ces dispositions affirment la nécessité de faire respecter la parité et les obligations internationales du Maroc envers ses engagements et accords internationaux, appelant à la non-discrimination entre les femmes et les hommes en matière de droits politiques, économiques et sociaux.

Ce Livre blanc, constitue, selon nous une feuille de route élaborée par un groupe d’experts et de spécialistes, à même de résoudre les limites juridiques entravant les aspects politiques et institutionnelles sur la question de l’équité hommes-femmes.

Ce Livre blanc a été élaboré après des discussions scientifiques et numériques et des journées d’études avec les acteurs concernés et spécialistes.

Ainsi, des benchmarks ont été réalisés pour comparer l’expérience marocaine avec divers pays du monde, notamment africains et européens.

5. Quel est, selon vous, l’horizon attendu de cette pétition?

Nous avons l’ambition de collecter quelque 5.000 signatures. Cependant nous dépasserons, certainement, ce nombre et ce, malgré la conjoncture exceptionnelle marquée par la propagation de la Covid-19.

Ainsi, nous veillons à élaborer une pétition intégrée et objective pour la soumettre au président de la Chambre des représentants, à même de mettre en œuvre un mécanisme législatif à l’horizon 2030, appliquant les dispositions de l’article 19 de la Constitution.