Rabat- À l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, célébrée un peu partout dans le monde chaque 15 octobre, l’ONU a choisi en 2022 de mettre sous un éclairage spécial la condition féminine en temps des crises.

Cette année, la Journée a été placée sous le thème “les femmes rurales face à la crise mondiale du coût de la vie”. Le but est d’attirer l’attention sur l’impact et les incidences de cette crise grave que connait le monde actuellement sur la condition de la femme rurale à travers la planète.

L’inégalité systémique rend les femmes plus vulnérables aux crises, souligne l’ONU à cette occasion, notant que les pénuries et les hausses de prix engendrées par des crises de l’ampleur de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine marginalisent davantage les femmes et les filles et les mettent de plus en plus en danger.

La guerre en Ukraine a eu un “impact dévastateur” non seulement sur les femmes ukrainiennes, mais aussi sur les femmes et les filles du monde entier, en particulier les femmes rurales, fait observer l’organisation des Nations Unies.

Selon le dernier rapport d’ONU Femmes, la perturbation actuelle des marchés de l’alimentation et de l’énergie n’a fait qu’intensifier les disparités entre les sexes, entraînant des taux d’insécurité alimentaire, de malnutrition et de pauvreté énergétique.

De même, la crise du coût de la vie qui en découle a gravement menacé les moyens de subsistance, la santé et le bien-être des femmes, estime l’ONU. Celle-ci a été alimentée par les perturbations de l’approvisionnement en pétrole et en gaz et en denrées alimentaires de base causées par la guerre en Ukraine, ainsi que par la montée en flèche des prix des aliments, des carburants et des engrais.

D’après l’ONU, le coût de l’alimentation a augmenté de 50% depuis le début de 2022 et la hausse des prix du pétrole brut, actuellement de 33%, devrait dépasser les 50% d’ici la fin de l’année.

Cette flambée des prix contribue à une crise mondiale du coût de la vie, dont les effets se font sentir plus dans les pays en développement et affectent durement les catégories déjà vulnérables, notamment les femmes rurales.

Les incidences des crises de ces dernières années ont révélé aussi des faiblesses majeures dans les systèmes alimentaires où la femme rurale joue un rôle majeur. D’où l’importance de mettre en relief à l’occasion de cette Journée internationale l’apport décisif des femmes rurales, dans la promotion du développement agricole et rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté en milieu rural.

A travers la célébration de cette Journée, l’ONU ambitionne aussi de rendre hommage au travail de ces héroïnes dans les systèmes alimentaires du monde entier étant donné que les femmes rurales constituent une large part de la main-d’œuvre agricole, formelle et informelle et contribuent de manière significative à la production agricole.

C’est aussi l’occasion de braquer les projecteurs sur les discriminations importantes auxquelles les femmes rurales sont toujours confrontées, notamment en ce qui concerne la propriété des terres et du bétail, l’égalité des salaires, la participation à la prise de décision au sein des coopératives agraires et l’accès aux ressources, au crédit et au marché.

Aujourd’hui encore, en dépit du rôle majeur et de plus en plus reconnu qu’elles jouent dans la pérennité des foyers et des communautés en zone rurale, l’accès des femmes et des filles rurales aux moyens de production reste inférieur à celui des hommes, regrette l’ONU.

De même, des barrières structurelles et des standards sociaux discriminatoires continuent de restreindre le pouvoir de décision et la participation des femmes au sein des communautés en zone rurale.

Face à cette situation, l’ONU entend profiter de l’opportunité que représente la célébration de cette journée pour revendiquer des zones rurales offrant des chances égales pour tous.

Car pour l’ONU, parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes est un ingrédient fondamental dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la faim et la malnutrition.

En donnant aux femmes les mêmes chances qu’aux hommes, la production agricole pourrait être augmentée de 2,5 à 4% dans les régions les plus pauvres et le nombre de personnes souffrant de malnutrition pourrait être réduit de 12 à 17%” estime-t-elle.

L’organisation des Nations Unies fait remarquer dans ce contexte que même si le nombre d’individus vivant dans l’extrême pauvreté a reculé à l’échelle mondiale, un milliard de personnes continuent de vivre dans des conditions inacceptables, la majorité en zone rurale.

La grande majorité des données disponibles en termes de genre et de développement indiquent que l’extrême pauvreté, l’exclusion et les effets des changements climatiques touchent de manière disproportionnée les femmes rurales qui demeurent bien plus vulnérables que les hommes ruraux et les femmes urbaines.