(Par Khadija Tahiri)

Rabat – Quelques jours seulement nous séparent de l’élection des membres de la Chambre des Conseillers, prévue mardi prochain, dernière et ultime étape dans le marathon électoral estival. Et ce n’est pas seulement que cela, car il s’agit aussi d’une échéance qui représente, pour les partis politiques et les intervenants dans l’opération électorale, un véritable test au vu des challenges posés.

Un des défis majeurs concerne la représentativité féminine au sein de la deuxième Chambre à travers la matérialisation du principe de la parité. Et pour cause, le nombre des femmes membres de la Chambre des conseillers reste négligeable, ne dépassant pas les 13 sur un total de 120 conseillers. Ce qui ne favorise guère l’effectivité de la parité, pour ne pas dire qu’il représente un échec sur le chemin de la promotion de la participation politique de la femme, surtout au sein de cette Chambre qui reste majoritairement masculine.

Il est donc permis, à l’appui de ce constat, de s’interroger sur les réelles intentions de nos partis politiques et leur disposition à accréditer les candidatures féminines, d’autant que la nouvelle loi électorale et autres textes favorisent clairement une forte représentativité des femmes au niveau des institutions élues.

D’emblée, le politologue et constitutionnaliste, Abdelmounaïm Lazâar, relève que le triple scrutin (Législatif, Régional et Communal) qui a eu lieu en septembre dernier, outre les élections des Chambres professionnelles, ont montré, d’une manière nette et claire, une amélioration palpable du score des femmes dans l’ensemble des instances élues.

Ce professeur de sciences politiques et de droit constitutionnel à l’université Mohammed V de Rabat explique ce constat par les amendements apportés à la loi électorale, donnant plus de chances aux femmes. Ce qui n’est pas le résultat d’un changement des mentalités, mais surtout d’une réelle volonté politique qui promeut une participation effective des femmes à l’action politique, tient-il à faire remarquer dans une déclaration à la MAP, avant de se demander s’il en sera de même pour les toutes prochaines élections à la Chambre des conseillers.

La réponse à cette interrogation suppose, selon lui, l’évocation des nouveautés apportées par les amendements introduits aux textes de loi électoraux, citant en premier la disposition exigeant que les deux premiers candidats ne doivent pas appartenir au même sexe. En deuxième lieu, il indique que la représentativité des femmes sera déterminée par le nombre des sièges à pourvoir. En clair, plus le nombre des sièges est élevé, plus les femmes ont plus de chances de s’imposer en force et de siéger en nombre à la Chambre des conseillers.

Il cite, à l’appui, l’exemple du collège électoral des salariés qui comprend 20 sièges. En revanche, lorsque le nombre des sièges à pourvoir pour le compte d’un tel ou autre collège électoral est moindre, les chances des femmes s’amenuisent. Il note, cependant, que l’accès des femmes à la deuxième Chambre suppose l’obtention de deux sièges dans une liste.

Troisième facteur, le plus déterminant d’entre tous en faveur d’une meilleure représentativité féminine, est sans conteste, selon notre interlocuteur, l’accréditation des femmes candidates à la tête des listes. Un véritable boulevard vers la Chambre des conseillers. Mais il n’en reste pas, rétorque-t-il, que cela dépend de la volonté des partis politiques favoris pouvant remporter le plus grand nombre de sièges.

En somme, la représentativité des femmes est déterminée dans tous les cas par trois facteurs majeurs, à savoir le nombre des sièges à pourvoir dans une circonscription électorale, la volonté des partis politiques d’accorder leurs accréditations aux femmes en qualité de têtes de liste et en troisième lieu, la force des formations politiques et leur capacité à remporter la bataille électorale, surtout dans les circonscriptions disposant uniquement de deux sièges.