Par Manal ZIANI.

Casablanca – “Soyez le PDG que vos parents ont toujours voulu que vous épousiez”. Telle est la citation préférée de Laila Berchane, une jeune femme trentenaire, dont la flamme d’entreprendre a été plus forte que toutes les considérations.

Lauréate de la prestigieuse École Mohammadia des ingénieurs (EMI), Mme Berchane s’est basée sur son expérience à l’association “LOOP For Science & Technology”, où elle avait contribué à la formation de jeunes en codage et en technologie, pour lancer sa propre entreprise de services numériques (ESN) au Maroc: Codagile.

Elle accompagne les entreprises dans la mise en place de plateformes métiers adaptées à leurs besoins.

Débordante d’énergie et d’ambition, cette jeune femme originaire de Taza a su défendre son “projet de vie”.

Elle a commencé avec sa sœur Imane, en 2015, par le projet “Play academy”, dans un petit centre, avec pour objectif d’enseigner l’ingénierie aux étudiants de manière ludique, avant de passer à l’organisation des ateliers au profit des étudiants des écoles privées, puis à la négociation des partenariats avec de grands acteurs internationaux dans le monde de l’éducation technologique.

Résultat d’un travail acharné et d’une volonté de fer, “Codagile” a vu le jour en 2018. Les sœurs Berchane ont dû faire face à plusieurs défis et contraintes avant de réussir à mettre leur projet sur pied.

“Mes parents sont professeurs. Ils nous ont toujours recommandé de suivre le chemin classique d’accéder au salariat après la fin des études, un schéma qui reflète la stabilité pour eux”, a-t-elle confié dans une déclaration à la MAP.

“On a dû démarrer secrètement. c’est seulement quand les choses ont commencé à marcher que nous avons décidé d’informer nos parents sur notre projet. C’est là où ils ont compris que nous étions sur la bonne voie”, a-t-elle poursuivi.

Énumérant d’autres contraintes, Mme Berchane a souligné que l’absence d’informations nécessaires, de précision des idées, ainsi que de visibilité sur les résultats représentent les principaux obstacles à l’entrepreneuriat qui peuvent totalement compromettre les chances de réussir n’importe quel projet.

Elle a, dans ce sens, relevé l’impératif d’avoir le courage de se lancer, de reprendre le travail après chaque échec et d’observer le bon côté des choses, pour mener à bien son projet et profiter de l’expérience entrepreneuriale.

Concomitamment à Codagile, cette jeune femme ambitieuse a fondé une association au service des enfants des milieux ruraux, dont le but est d’introduire la robotique et la technologie aux écoles publiques afin de faciliter l’apprentissage pour cette population défavorisée.

En ligne droite avec son principe de “faciliter l’apprentissage et partager les connaissances”, la jeune entrepreneure organise, dans le cadre de son association des compétitions et des concours internationaux dans le domaine de l’ingénierie et du codage, dont la compétition nationale de robotique “FIRST LEGO League” et le concours international de robotique, destiné aux enfants et aux jeunes, âgés de 8 à 19 ans, appelé World Robot Olympiad (WRO).

Le concours WRO vise à promouvoir l’apprentissage des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) en mettant l’accent sur la robotique et l’ingénierie, a-t-elle fait savoir, notant qu’il s’agit d’une compétition qui se déroule chaque année dans plus de 70 pays et qui consiste à construire et à programmer des robots pour relever des défis spécifiques.

Les équipes doivent, ainsi, concevoir et construire un robot capable d’accomplir une série de tâches définies dans un temps limité.

Évoquant la Journée internationale de la Femme, Mme Berchane a saisie l’opportunité pour lancer un appel à toutes les jeunes filles marocaines d’avoir confiance en elles, toute en gardant une vision réaliste sur leurs propres capacités et continuer à les améliorer.

Pour réussir, il s’agit surtout de ne pas chercher la perfection au départ, mais commencer et puis s’améliorer au fur et à mesure, a-t-elle recommandé.

Pour Mme Berchane, le moment, la situation et le budget parfaits n’existent tout simplement pas.