Rabat – “Une femme au pays des fouqaha : l’appel du houdhoud” est un essai qui lève le voile sur une période du Maroc marquée de revendications féminines au lendemain de l’indépendance, outre les changements survenus suite à la réforme de la Moudawana, a indiqué vendredi l’écrivaine et chercheure en droits humains, Nouzha Guessous.
Dans sa déclaration à la MAP, à l’occasion de la présentation et de la signature de son livre, qui s’est tenue à la Villa des Arts à Rabat, Mme Guessous a fait savoir que cet écrit a pour objectif de relancer le débat sur la condition de la femme et interroge sur un certain nombre de dogmes, notant qu’a ce jour, la vie privée dans la famille reste encore régie par les règles du Fiqh, qui date parfois de 14 siècles.
Engagée en faveur de l’égalité et de la citoyenneté des femmes, la biologiste médicale a souligné qu’une part biographique dans son œuvre révèle ce qu’elle considère significatif dans l’évolution des mentalités ainsi que de son vécu en tant que membre de la Commission Royale consultative de la Moudawana.
Pour sa part, la sociologue à l’Université Hassan II de Casablanca, Fadma Ait Mous, a estimé que cet essai est un partage comportant des dévoilements sur l’individuel de l’auteure et sur le collectif sociétal, en vue de présenter les coulisses de son expérience.
“C’est un travail de mémoire, un retour au passé avec des temporalités sélectionnées, exprimées par une écriture subtile et des détails marquants”, a indiqué Mme Ait Mous dans son intervention à l’occasion de sa co-modération aux côtés du psychanalyste Farid Merini de l’événement livresque, organisé par la Fondation AL MADA et la Villa des Arts de Rabat.
Dans la préface du livre, en guise de mise en bouche, l’écrivain et dramaturge Driss Ksikes a signalé que cet opus invite certes à découvrir l’histoire personnelle de l’auteure, ses positions, ses combats et le regard qu’elle a porté sur les débats autour de la Moudawana et, en filigrane, sur l’évolution récente des mœurs et de la pensée au Maroc.
Mais par-delà ces considérations culturelles et politiques, cet essai enchâssé dans un récit, révèle son imaginaire, ses lectures, ses appartenances et son humour fin, à peine perceptible, a-t-il écrit.
Nouzha Guessous a fait partie de la Commission Royale Consultative chargée de la révision du Code de la famille (2001-2004). Lors des débats, elle a été comparée au houdhoud, la huppe du récit coranique, note la couverture du livre, précisant que ce moment, particulier dans sa vie, l’a amenée à faire le parallèle avec son histoire personnelle et l’envoi qui l’a poussée à quitter le nid familial, prendre appui sur ses racines pour dresser le tronc et les branches de la femme qu’elle est devenue.
Mais ce n’est que deux décennies plus tard, qu’elle consent à livrer dans un récit son parcours; une distanciation nécessaire.
Formant partie de la collection dirigée par l’écrivaine Bahaa Trabelsi, “Une femme au pays des fouqaha : l’appel du houdhoud” est un essai de 237 pages, paru aux éditions “La Croisée Des Chemins”.
Nouzha Guessous est biologiste médicale et chercheure en droits humains et en bioéthique. Elle a été professeure de la faculté de médecine et du CHU de l’Université Hassan II de Casablanca et présidente du Comité international de biothèque de l’UNESCO (2005-2007). Essayiste, coordinatrice et co-auteure de livres collectifs, elle a participé à “Ce qui nous somme. Réflexions marocaines après les évènements des 7 au 11 janvier 2015 à Paris ( La Croisée Des Chemins, 2015) et “Pourquoi suis-je sur Facebook? Des Marocains croisent leurs paroles (Le Fennec, 2013).
Elle est également auteure de chroniques et de tribunes sur les questions des droits des femmes et de bioéthique.