L’écrivaine marocaine, Loubna Serraj, a présenté, vendredi soir au siège de l’Institut Français (IF) d’Essaouira, son premier roman “Pourvu qu’il soit de bonne humeur”, paru récemment aux Editions “La Croisée des Chemins”.

Cet événement culturel a été organisé par l’IF dans le strict respect des mesures préventives pour contenir la propagation de la Covid-19, en présence notamment de la directrice de l’Institut, Mme Louisa Babaci, ainsi que d’un parterre d’intellectuels et de passionnés de lecture et de littérature dans la cité des Alizés.

Venue à la rencontre de son lectorat souiri, Mme Serraj a présenté à son auditoire ce livre très passionnant et polyphonique qui résonne comme un plaidoyer contre les violences conjugales à l’égard des femmes et un hymne en faveur de la liberté.

A travers ce roman intemporel, l’autrice fait plonger le lecteur dans l’univers de deux femmes, deux personnages, Maya et sa petite fille Lilya, certes, issues de deux époques différentes et séparées par tant d’années, mais pourtant liées par la quête de la liberté et la volonté de l’émancipation.

C’est donc une histoire à plusieurs voix qui traversent le temps pour raconter deux vies et deux destinées de femmes, vivant à deux époques distinctes et assoiffées de “Liberté”. Une histoire intense inscrite, tour à tour, dans le passé et le présent, aussi parsemée de violence ordinaire et de passion rebelle jusqu’à ce que le murmure pourvu qu’il soit de bonne humeur d’abord inaudible, se renforce, devient mantra et arrache sa propre bulle de liberté, inestimable hier comme aujourd’hui.

Dans ce roman, s’entremêle également une kyrielle de questions aussi percutantes les unes que les autres posées par l’écrivaine : Comment être libre quand l’idée même de liberté n’est pas envisageable ? Comment résister à une guerre de l’intime où les bruits des canons deviennent ceux de clés tournant dans la serrure d’une porte ou de pas se rapprochant doucement mais sûrement ? Comment la peur peut s’insinuer dans les couloirs du temps pour faire passer un message ? Quel message ?.

Plusieurs thèmes complexes sont aussi abordés dans ce livre palpitant : Outre le sujet des violences conjugales, le récit de Loubna Serraj en interpelle d’autres tels que la transmission transgénérationnelle des traumatismes, l’absence d’instinct de maternité ou encore l’engagement.

Lors de cette rencontre-débat littéraire, modérée par la psychologue Marion Mari-Bouzid, Mme Serraj est revenue sur le contexte de la naissance de cette première expérience romanesque, relevant que ce récit est “dédié à la vraie Maya, dont est inspiré l’un des principaux personnages de ce livre, et qui m’a donné l’envie de raconter cette histoire intense inscrite dans le présent et le passé”, soulignant que “plus qu’un roman autour de la violence conjugale, il s’agit surtout d’un écrit sur la quête de la liberté”.

“Ce que je voulais écrire est non pas un livre sur la violence conjugale, qui est, certes, une trame de fond dans ce roman, mais plutôt une histoire beaucoup plus liée à la liberté” aussi bien pour Maya, qui a vécu au Maroc des années 50, que pour sa petite fille, Lilya, journaliste de profession et l’autre principal protagoniste du livre, qui vit à l’époque actuelle, a-t-elle expliqué.

“Mon roman est donc l’histoire de deux femmes de deux époques différentes qui, unies par des liens de sang mais ne se sont jamais rencontrées, se retrouvent en quête de cette liberté qui les unit dans des temps et des espaces distincts”, a enchaîné Mme Serraj.

Dans une déclaration à la MAP, elle a, en outre, fait remarquer qu’à travers ce premier roman, elle a tenté d’aborder différentes questions, ajoutant qu’elle n’espère nullement les régler ou les résoudre parce que le livre, selon elle, “conduit juste à une prise de conscience ou à une réflexion” sur telle ou telle question.

“J’aime beaucoup l’idée que les livres amènent à réfléchir. Pendant toute ma vie, les livres m’ont poussé à mener une profonde réflexion sur des questions au sujet desquelles je ne pensais pas avoir ou non un avis”, a-t-elle poursuivi, relevant que “l’objectif de ce roman était de susciter quelques questionnements, qui sont loin d’être simples, chez les un(e)s ou les autres”.

Evoquant son expérience d’écriture, Mme Serraj a affirmé qu’elle était “très assoiffée” de lecture et d’écriture dès son jeune âge avant de décider de publier son premier livre, précisant que l’écriture constitue “le moyen le plus facile et le plus accessible pour m’exprimer”.

“J’ai créé un blog il y a quelques années où je continue d’écrire. Et puis j’ai eu envie d’entamer l’écriture dans un format plus long et plus fictionnel aussi. L’idée d’écrire ce livre m’est donc venue sans prétention à la publication, à laquelle j’ai réfléchi après”.

Rappelant que “beaucoup de romans ont été écrits sur, par et à travers des femmes”, Mme Loubna Serraj a soutenu, en conclusion, que le génie d’un écrivain ou d’une écrivaine se mesure à sa faculté et à sa capacité de pouvoir passer, à travers ses écrits, d’un personnage à un autre, à même de laisser une trace indélébile chez le lectorat.

Après des années d’expérience, entre le Maroc et la France, au sein d’entreprises puis comme consultante, dans un cabinet qu’elle a créé, en stratégie éditoriale et marketing de contenu, Loubna Serraj a fait de ses passions, l’écriture et la lecture, son métier.

Aujourd’hui éditrice et chroniqueuses radio, elle tient également un blog dans lequel elle livre ses “élucubrations” littéraires, sociales ou politiques sur des sujets d’actualité avec un regard volontairement décalé.