Copenhague – L’ex-ministre danoise de l’immigration, Inger Støjberg, condamnée à deux mois de prison pour avoir illégalement séparé plusieurs couples de demandeurs d’asile parce que la femme était mineure, a été déchue mardi de son mandat de députée par le Parlement.

Une large majorité du Parlement danois, le Folketing, a voté pour son exclusion immédiate, estimant sa peine de prison ferme incompatible avec son siège de parlementaire, dans une éviction inédite depuis près de 30 ans.

Le 13 décembre dernier, la Cour spéciale de justice au Danemark avait condamné Mme Støjberg à une peine d’emprisonnement ferme de 60 jours, après l’avoir “reconnue coupable d’une violation délibérée (…) de la loi sur la responsabilité ministérielle”.

Sa décision “était illégale car le ministère de l’Immigration n’était pas tenu de prendre un arrangement concret (…) dans lequel aucune considération n’était accordée individuellement aux personnes concernées”, avait alors indiqué Thomas Rørdam, président de la cour spéciale destinée à juger des ministres ayant commis des malversations ou négligences dans l’exercice de leurs fonctions.

Accusée d’avoir violé la Convention européenne des droits de l’Homme en ordonnant la séparation de couples de demandeurs d’asile, dont certains avaient des enfants, lorsque la femme était âgée de moins de 18 ans, Mme Støjberg plaidait non coupable dans ce procès exceptionnel où elle comparaissait depuis septembre.

En 2016, 23 couples, dont la différence d’âge était majoritairement peu importante, avaient été séparés sans examen individuel de leur dossier, en vertu de la consigne donnée par la responsable.

Ministre de l’Immigration de 2015 à 2019 dans un gouvernement de centre-droit soutenu par la droite populiste anti-immigration du Parti du peuple danois (DF), Mme Støjberg assumait la très restrictive politique d’accueil du Danemark. Elle se targuait d’avoir fait adopter plus de 110 amendements restreignant les droits des étrangers.