Le coût moyen des violences physiques et sexuelles s’élève à 957 dirhams par victime durant la période allant de février à juillet 2019, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Le HCP, qui vient de publier les résultats relatifs au coût économique de la violence à l’encontre des femmes et des filles, tirés de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes et des hommes de 2019 qui a été menée entre février et juillet 2019 avec l’appui de l’ONU-Femmes au Maroc, a indiqué que parmi l’ensemble des femmes victimes de la violence physique et/ou sexuelle, tous contextes confondus, 22,8% ont dû supporter, elles ou leurs familles, des coûts directs ou indirects de la violence de 2,85 milliards de dirhams (MMDH).
La part du milieu urbain dans le coût économique global de la violence est de 72%, contre 28% au milieu rural, relève la même source, notant que le coût moyen supporté par les victimes citadines (1000 DH/victime) est plus élevé que celui des victimes rurales (862 DH/victime).
Les coûts directs constituent la majeure partie du coût économique global avec une part de 82% contre seulement 18% pour les coûts indirects, précise le HCP, ajoutant que l’espace conjugal s’accapare, à lui seul, plus des deux tiers du coût global de la violence avec une part de 70%, suivi des lieux publics avec 16% et du contexte familial avec 13%.
S’agissant des formes de violence, près de 85% du coût global concerne la violence physique et 15,3% la violence sexuelle, indique-t-il, soulignant que près de 70% du coût direct de la violence est attribué aux violences conjugales et 43% aux dépenses de santé.
Ladite enquête fait aussi ressortir que le coût direct total de la violence est estimé à 2,3 MMDH pour les victimes de la violence physique et/ou sexuelle qui ont effectué des dépenses (20%) suite à l’ensemble des incidents de violence les plus graves subis au cours des 12 mois précédant l’enquête. Près de 85% du coût direct de la violence est lié aux violences physiques et 15% aux violences sexuelles.
La violence à l’encontre des femmes en milieu urbain engendre, pour les victimes et leurs familles, 1,73 MMDH contre 601 millions de dirhams (MDH) en milieu rural. Le coût supporté par les citadines représente près des trois quarts du coût direct global de la violence à l’encontre des femmes (74,2%).
Par ailleurs, le HCP fait savoir que le coût indirect supporté par 8% des victimes de violence physique et/ou sexuelle, au cours des 12 mois précédant l’enquête, est estimé à 517 MDH (326 MDH en milieu urbain et 190,8 MDH en rural). Près de 84% des coûts indirects sont attribués aux violences physiques (434 MDH). Le contexte conjugal représente 68% du coût indirect global suivi par les lieux publics (18%) et le contexte familial (11%).
Sur les lieux publics, 16,2% des femmes violentées ont effectué des dépenses directes et indirectes estimées à 448 MDH, au cours des 12 mois précédant l’enquête, dont 358,5 MDH sont dus à des actes de violence physique (80% du coût total) et 98,2 MDH à des actes de violence sexuelle (20%).
Le coût direct total des incidents de la violence physique et/ou sexuelle dans les lieux publics survenus au cours des 12 mois précédant l’enquête, pour les 15% des femmes ayant effectué des dépenses, s’élève à 356 MDH, 80% du coût total.
Plus de la moitié de ce coût (52%) est liée au remplacement ou à la réparation des biens endommagés. Les dépenses liées aux soins de santé représentent 29% et celles liées au recours aux services juridiques et judiciaires 19%.
Les incidents de violence physique et/ou sexuelle dans les lieux publics ont engendré, pour 6,3% des victimes, un coût indirect de 91,6 MDH dont 75% sont dus à la perte des jours de travail rémunéré des victimes et de leurs conjoints.
Les données fournies par l’enquête de 2019 ont permis d’estimer, pour la première fois au Maroc, le coût monétaire de la violence à l’encontre des femmes et des filles, se rapportant spécifiquement aux coûts directs et indirects de cette violence supportés par les individus et leurs ménages dans tous les espaces de vie et pour les formes de violence physique et sexuelle au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Les coûts tangibles directs de la violence à l’encontre des femmes et des filles comportent les dépenses effectuées pour accéder aux différents services (Santé, Justice et Police), pour l’hébergement et pour le remplacement des biens endommagés. Les coûts tangibles indirects se rapportent au coût d’opportunité comprenant la perte de revenus due à l’absentéisme au travail rémunéré, aux travaux domestiques et à l’enseignement.