Johannesburg- La Haute Cour du Cap occidental a déclaré, samedi, invalide la suspension de la médiatrice de la République, Busisiwe Mkhwebane, par le Président Cyril Ramaphosa.

La Haute Cour a statué qu’il était raisonnable de considérer que la suspension de Mkhwebane avait été déclenchée par son enquête sur le cambriolage perpétré en 2020 dans la ferme Phala Phala du Président.

Dans les semaines précédant sa suspension, elle avait demandé au Président Ramaphosa de répondre à 31 questions liées à la dissimulation du vol de millions de dollars en devises dans sa ferme située dans le Limpopo.

Les juges Nuku, Francis et Lekhuleni ont déclaré qu’il ne serait pas difficile de soutenir la proposition selon laquelle la suspension de Mkhwebane n’aurait pas également pour effet de retarder l’enquête du Protecteur du citoyen sur le scandale de «Farmgate». «Il existe une perception raisonnable que Ramaphosa n’était pas d’esprit impartial en ce qui concerne Mkhwebane», notent-ils.

Mais selon l’article 172 de la Constitution, une ordonnance d’inconstitutionnalité contre le Président de la République n’a de force que si elle est confirmée par la Cour constitutionnelle.

En réaction à la décision du tribunal d’annuler la suspension du Protecteur public, la Présidence a indiqué samedi qu’elle demanderait conseil à la Constitution sur les prochaines étapes à suivre.

“La présidence a pris note du jugement rendu par la Haute Cour du Cap occidental déclarant que la décision du président de suspendre l’avocat Mkhwebane est invalide», a déclaré le porte-parole de la Présidence, Vincent Magwenya.

En juin dernier, la médiatrice de la République, Busisiwe Mkhwebane, avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur des accusations criminelles portées contre le Président Ramaphosa par l’ancien chef de l’espionnage, Arthur Fraser, suite à une plainte déposée par un parti politique.

“La plainte, qui concerne la conduite présumée du Président en ce qui concerne les allégations d’activités criminelles dans l’une de ses propriétés, a été reçue de M. Vuyo Zungula, député, président du Mouvement de transformation africaine (ATM)”, a indiqué Mme Mkhwebane dans un communiqué.

Dans son acte d’accusations, Fraser a affirmé que les suspects qui avaient fait irruption dans la propriété du président ont été kidnappés, interrogés et achetés pour garder le silence, notant que des millions de dollars américains “non déclarés” ont été cachés dans des meubles de la ferme.

Preuves à l’appui, l’ancien patron des services secrets a inclus dans son acte d’accusations, des photographies, des comptes bancaires, des séquences vidéo et des noms.