La directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, et l’ancienne Première ministre d’Australie, Julia Gillard, ont souligné l’importance d’investir dans le leadership féminin pour favoriser le progrès des pays, à commencer par assurer une bonne éducation aux filles, un impératif rendu encore plus difficile par la pandémie.

“L’éducation des filles est le moyen de faire avancer les pays”, a soutenu Mme Okonjo-Iweala lors d’un webinaire, organisé jeudi par le centre de réflexion “Brookings” à Washington, déplorant que les femmes en général, et celles assumant des rôles de leadership en particulier, doivent encore surmonter une multitude de préjugés de genre et d’innombrables défis.

“Pour chaque année d’éducation que vous accordez à une femme, la différence que cela fait en termes d’éducation de ses propres enfants, de leur santé, et de sa contribution au ménage et à la nation est extraordinaire”, a expliqué la Nigériane devenue, le 15 février dernier, la première femme et première Africaine à la tête de l’OMC.

L’éducation des filles revêt une importance d’autant plus cruciale lorsqu’il s’agit de pays en développement, a-t-elle assuré, notant que l’enseignement dans ce contexte est vital non seulement pour la survie de l’individu, mais de la famille et de villages entiers.

Abondant dans le même sens, l’ancienne Première ministre australienne s’est dite profondément “préoccupée par tout ce qu’il reste à faire pour nous assurer que chaque enfant, et chaque fille en particulier, reçoive une éducation de qualité”.

Ce défi est désormais plus grand en raison de la pandémie, a fait observer Mme Gillard, qui s’exprimait également lors de cette rencontre virtuelle tenue dans le cadre de célébration de la Journée internationale de la femme et du mois de l’histoire des femmes aux Etats-Unis.

“Nous devons donc redoubler d’efforts pour ne pas nous laisser distraire par l’économie et la santé. En détournant nos yeux de l’éducation, nous allons créer une génération COVID particulièrement désavantagée parce qu’elle a perdu sa chance à l’école”, a-t-elle martelé.

Pour ce qui est du rôle des hommes dans la lutte contre le sexisme, Mmes Okonjo-Iweala et Gillard ont affirmé qu’ils peuvent être les meilleurs alliés des femmes.

“Les recherches révèlent que si un homme pointe du doigt un comportement sexiste, il sera écouté plus sérieusement qu’une femme qui fait de même, parce qu’il n’est pas perçu comme ayant un conflit d’intérêt inhérent”, a fait savoir l’ancienne dirigeante australienne.

Cependant, lorsqu’une femme dénonce le sexisme, elle est souvent remise en question et parfois même accusée de vouloir s’accaparer des avantages professionnels ou de détourner l’attention de quelque chose qu’elle ne fait pas bien, a-t-elle ajouté, appelant les hommes à être des alliés dans cette lutte pour le changement vers une société plus équitable.

Les deux intervenantes ont également saisi cette occasion pour dénoncer les “pratiques sexistes” des médias, telle la fixation sur le statut matrimonial des femmes, si elles sont mères ou grand-mères, leur apparence physique et leurs choix vestimentaires.

Selon l’ONU, les stéréotypes sexistes continuent d’empêcher de nombreuses filles et femmes d’entreprendre et de mener une carrière scientifique de par le monde.

La prochaine édition du Rapport de l’UNESCO sur la science révèle que seulement 33% des chercheurs sont des femmes, alors que celles-ci représentent 45% et 55% des étudiants en licence et en master, respectivement, et 44 % de ceux qui sont inscrits en doctorat.

Pour l’UNESCO et ONU-Femmes, l’urgence est d’autant plus grande que les femmes sont sous-représentées dans de nombreux domaines essentiels, tels que les énergies renouvelables et les technologies numériques, étant donné qu’uniquement 3% des filles inscrites dans l’enseignement supérieur optent pour les technologies de l’information et de la communication.

Organisé par la Brookings Institution, think tank américain spécialisé dans la recherche et la formation dans les domaines des sciences sociales, cette conférence virtuelle a été l’occasion pour Mmes Okonjo-Iweala et Gillard de présenter leur ouvrage “Women and Leadership: Real Lives, Real Lessons”, qui traite des défis et stéréotypes sexistes auxquels font face les femmes dans la haute fonction à travers le monde.