Rabat – La question de l’autonomisation économique des femmes et des filles a dominé les débats lors d’une rencontre tenue, jeudi à Rabat, à l’initiative du ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, avec l’appui de l’ONU Femmes.
S’exprimant à cette occasion, la représentante de l’ONU Femmes au Maroc, Leila Rhiwi, a souligné que la défense des droits des femmes est une condition sine qua non pour favoriser l’émergence de sociétés pacifistes, où le vivre-ensemble est promu comme une valeur clef.
De nombreux obstacles juridiques et culturels entravent encore l’égalité effective entre les hommes et les femmes, a-t-elle fait observer, tout en affirmant qu’aucun pays “ne peut prétendre avoir atteint l’égalité des sexes”.
En effet, si l’on considère le travail rémunéré et non rémunéré dans le monde, les femmes travaillent plus d’heures par jour que les hommes, a expliqué Mme Rhiwi, précisant qu’au Maroc, les femmes accomplissent 7 fois plus de travaux domestiques que les hommes.
L’inégalité d’intégration des femmes dans le marché du travail, a-t-elle dit, constitue une discrimination à la jouissance du droit à l’égalité et génère un important manque à gagner. A l’échelle mondiale, les pays qui ont réussi à réduire considérablement les inégalités de genre sont situés à des niveaux élevés de performance économique et de développement humain.
Par ailleurs, la responsable onusienne a indiqué que les politiques macroéconomiques de tout un pays impactent la croissance économique et l’efficacité des politiques sociales. Ainsi, en se voulant neutres, ces politiques ont un impact sur les inégalités hommes-femmes, a fait observer Mme Rhiwi.
Pour sa part, la ministre de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, Jamila El Moussali, a mis l’accent sur les difficultés que rencontrent les femmes en situation de fragilité dans le contexte de propagation de la Covid-19, relevant que cette rencontre constitue l’occasion de se pencher sur les réalisations du Royaume en matière d’autonomisation des femmes et de défense de leurs droits.
“Le Maroc fait partie d’une coalition de 31 pays ayant lancé l’Appel à l’action sur l’autonomisation économique des femmes à travers le monde”, pour encourager les pays à agir en vue d’éliminer les obstacles juridiques à la participation économique des femmes, a-t-elle rappelé. Cet appel est une opportunité d’action coordonnée pour s’assurer notamment que les femmes sont habilitées à conduire la réponse mondiale face au Covid-19 et favoriser la reprise économique, a-t-elle poursuivi.
Elle a également rappelé le lancement par le Maroc à New York, en sa qualité de président du Segment des Affaires humanitaires du Conseil économique et social de l’ONU, de l'”Appel à l’action pour soutenir la réponse humanitaire dans la lutte contre la pandémie du Covid-19″. Cet Appel humanitaire a bénéficié d’un appui record de 171 pays de tous les groupes régionaux, ce qui représente près de 90% des membres des Nations unies.
Présentant le programme national intégré d’autonomisation économique des femmes et des filles (PIANEF) à l’horizon 2030, baptisé “Maroc Attamkine”, la responsable gouvernementale a souligné qu’il s’inscrit dans le cadre des dispositions et engagements contenus dans le programme gouvernemental pour le mandat législatif 2016-2021, en particulier ceux visant à “renforcer l’inclusion économique des femmes et leur autonomisation dans le domaine du développement”.
Ce programme, a-t-elle précisé, intervient en harmonie avec les objectifs du développement durable (ODD) et les axes du plan gouvernemental pour l’égalité relatif à l’autonomisation économique des femmes.
Au sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes, Mme El Moussali a noté que 63 centres ont été aménagés pour accueillir et protéger des femmes en situation difficile, mettant en évidence à cet égard la plateforme “Kolona Maak”, lancée pour l’accompagnement de jeunes filles et femmes.
De son côté, la présidente de l’association des femmes cheffes d’entreprises du Maroc (AFEM) Leila Doukkali a insisté sur le rôle de la femme entrepreneure pour le développement économique d’un pays, appelant les jeunes filles marocaines à poursuivre leur rêve et à s’émanciper.
Abordant les freins à l’autonomisation des femmes, Mme Doukkali a souligné qu’ils se résument dans les difficultés d’accès au financement, le poids des responsabilités familiales, le manque de formations aux techniques managériales ou encore au manque de confiance et d’encouragement.
Organisé en présentiel et par visioconférence, cet évènement parallèle à la 65ème session de la Commission de la condition de la femme-CSW-New York, offre l’opportunité de mettre en lumière les liens entre l’autonomisation économique et la promotion des droits des femmes comme point d’entrée essentiel pour éradiquer les vulnérabilités auxquelles les femmes sont exposées.
Il s’agit aussi d’identifier les progrès et de formuler des recommandations pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable, particulièrement en ce qui concerne les défis liés aux impacts économiques et sociaux de la pandémie Covid-19.
Ont pris part à cette rencontre de hauts responsables marocains et internationaux, des représentants de la société civile, des universitaires et des experts dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes et des filles et de l’économie sociale et solidaire.