Tanger- La Présidence du ministère public a organisé, lundi à Tanger, une rencontre régionale consacrée au suivi de l’activation de la convention-cadre de partenariat signée avec le ministère de l’Education nationale, visant la lutte contre la déperdition scolaire pour la prévention contre le mariage des mineures, au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

Ont pris part à cette journée d’étude, le Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, président du Ministère public, El Hassan Daki, le directeur de l’éducation non formelle au ministère de l’Éducation nationale, Hssain Oujour, des représentants du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et de responsables judiciaires du ministère public près les Cours d’appel, les tribunaux de première instance et les tribunaux de commerce, ainsi que le directeur de l’Académie régionale de l’éducation et de formation (AREF) et les directeurs provinciaux de l’Education nationale de la région.

Intervenant à cette occasion, M. Daki a souligné que la convention-cadre, signée en mars 2021, a permis le retour d’environ 20.000 filles aux bancs de l’école durant la première année de sa mise en oeuvre, relevant que le bilan de la mise en œuvre de cet accord est “très honorable”, et que tous les intervenants sont tenus de maintenir cet élan et de veiller à ce que les enfants restent à l’école.

Le responsable a précisé que la multitude des causes du mariage précoce et l’opposition de certains à la lutte contre ce phénomène posent de grands défis qui ne peuvent être relevés qu’à travers la fédération des efforts de tous et un travail acharné pour mettre en œuvre les initiatives conjointes, notant que cet accord figurait en tête des initiatives visant à lutter contre ce fléau.

Il a rappelé que cette convention, lancée en mars 2021 à Marrakech comme une expérience pilote, puis généralisée en juin sur l’ensemble du territoire national, vise à assurer la continuité de la scolarisation des filles, et leur protection contre le mariage précoce, et ce à travers la coordination des efforts conjoints pour activer la mise en œuvre de la loi sur l’obligation de l’enseignement de base, notant que “l’accord est basé sur la conviction que la déperdition scolaire constitue un obstacle au développement de l’enfant, et une cause directe du mariage précoce des filles”.

“La Présidence du ministère public continue de porter un intérêt particulier à ce sujet, à travers l’orientation constante des magistrats du ministère public, afin d’activer leurs rôles stipulés par la loi, et de ne pas hésiter à refuser toute demande qui va à l’encontre de l’intérêt supérieur de la mineure”, a-t-il affirmé, mettant l’accent sur les circulaires adressées aux parquets généraux et les sessions de formation organisées à cet effet.

Pour sa part, M. Oujour a mis l’accent, dans une allocution lue au nom du ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, sur les efforts déployés par le ministère pour soutenir la scolarisation des enfants, notamment des filles, relevant que les concertations menées en vue d’élaborer la feuille de route 2022-2026 du système de l’éducation nationale ont accordé un intérêt particulier à l’examen des moyens de promouvoir les indicateurs de scolarisation, lutter contre la déperdition scolaire et d’améliorer les chances de réussite des apprenants.

Il a affirmé que le ministère se penche sur l’élaboration d’une feuille de route basée sur 3 piliers, portant sur l’achèvement des apprentissages de base, la motivation de l’enseignant et la mise en place d’établissements scolaires modernes et ouverts, soulignant l’importance de la convergence pour lutter contre le décrochage scolaire, qui constitue un phénomène complexe nécessitant la mobilisation globale des familles, des autorités et des secteurs gouvernementaux concernés.

De son côté, la cheffe de protection de l’enfance au bureau de l’UNICEF au Maroc, Malika El Atifi, a salué les efforts déployés par le Maroc, qui a misé sur l’éducation, pour prévenir contre le mariage des mineures, notant que la lutte contre ce phénomène, qui touche 21% des filles dans le monde, s’inscrit en droite ligne avec les objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.

Elle a estimé qu’il ne suffit pas de lutter contre ce phénomène à travers des textes juridiques, mais il importe de renforcer ces efforts avec des mesures préventives, via le soutien de la scolarisation des filles, en particulier celles issues des zones fragiles ou reculées, rappelant que l’étude diagnostique sur le mariage précoce réalisée par la Présidence du ministère public du Maroc a révélé que plus de 86% des filles concernées par ce phénomène ont abandonné l’école.

Cette rencontre a été également l’occasion de discuter d’un projet de plan d’action pour renforcer les acquis et développer les actions menées à l’horizon de la rentrée scolaire 2022-2023.