Rabat- Des chercheurs et universitaires marocains ont livré, dimanche à Rabat, des regards croisés sur les ouvrages, publications et travaux sociologiques de l’éminente sociologue et écrivaine, feue Fatima Mernissi.
Ils ont analysé, lors d’une rencontre organisée au pavillon Fatima Mernissi dans le cadre de la 28ème édition du Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL), les pensées et grandes questions auxquelles s’était attelée l’écrivaine dans ses travaux, notamment le féminisme, l’islam, la modernité et l’individualisme.
Dans ce sens, Raja Rhouni, professeur à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’université Chouaib Doukkali à El Jadida, a passé en revue, dans sa présentation intitulée “Fatima Mernissi: le démon de la colonialité et l’exorcisme décolonial”, les moments marquants et les différentes étapes ayant jalonné le parcours de l’écrivaine.
Elle a expliqué que “la trajectoire de Fatima Mernissi est marquée par trois moments importants, notamment l’adoption dans ses œuvres et publications d’un discours orientaliste, puis d’un discours post-orientaliste et enfin son orientation vers la décolonialité”.
L’universitaire a également expliqué que dans l’ouvrage “Secular and Islamic Feminist Critiques in the Work of Fatima Mernissi”, elle a analysé la complexité des textes de de la défunte sociologue et chercheuse, décrivant ses œuvres comme “un modèle d’un féminisme post-colonial”.
De son côté, le professeur de sociologie à l’Université Mohamed V de Rabat, Mokhtar El Harras s’est attardé sur le concept d’individualisme et d’individuation dans les ouvrages de Fatima Mernissi, notamment dans “Rêves de femmes”, “La peur-modernité: conflit islam démocratie” et “Scheherazade Goes West”.
Il a, dans ce sens, expliqué que Fatima Mernissi a mis en évidence dans ces ouvrages l’ampleur qu’ont pris ces concepts dans la vie familiale des marocains, soulignant que Feue Mernissi a également suivi la libération des femmes, à travers l’histoire, des contraintes et pressions familiales qui les empêchaient de mettre en valeur leurs qualités individuelles.
M. El Harras a également souligné que les œuvres de Fatima Mernissi traitent également plusieurs questions et idées humanistes, notamment la liberté de pensée, la souveraineté, la tolérance et la prise en considération des sentiments individuels.
Née à Fès (1940-2015), Fatima Mernissi a étudié à Rabat puis à Paris (Sorbonne) et aux États-Unis où elle a obtenu, en 1973, son doctorat en sciences humaines. A partir des années 1980, elle a enseigné à l’université Mohammed V de Rabat. En 2003 elle a reçu le prix des Asturies en littérature et en 2004 le prix Erasmus aux Pays-Bas pour le thème “Religion et modernité”.