Rabat – L’Institut supérieur de la magistrature (ISM) a organisé, mercredi à Rabat, en partenariat avec le Conseil de l’Europe, un atelier de formation et de sensibilisation sur la lutte contre les violences à l’égard des femmes au profit des attachés de justice.

Bénéficiant du soutien du programme conjoint entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe intitulé “Protéger les droits de l’Homme, l’Etat de droit et la démocratie par des normes partagées dans le sud de la Méditerranée (programme Sud V)”, cet atelier s’est fixé pour objectif de renforcer les formations, les compétences des attachés de justice dans le domaine de la lutte contre les violences à l’égard des femmes.

L’organisation de cet atelier s’inscrit dans le cadre du Programme européen de formation aux droits de l’Homme pour les professionnels du droit (HELP), une plateforme de formation en ligne qui vise à renforcer les capacités des professionnels afin qu’ils puissent appliquer les normes internationales de droits de l’Homme dans leur travail quotidien.

A cette occasion, le directeur général de l’ISM, Abdelhnine Touzani, a souligné que le Maroc s’est engagé de manière sérieuse et responsable dans la lutte contre les violences faites aux femmes, en adhérant à de nombreux instruments législatifs internationaux y afférents, notant que le Royaume a également œuvré à moderniser son arsenal juridique à travers l’adoption d’une loi intégrée pour lutter contre ce phénomène, en s’inspirant des principes internationaux en vigueur et des bonnes pratiques législatives dans ce domaine.

En ce sens, il a noté que cet atelier, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme ambitieux de formation des attachés de justice selon une approche moderne accordant une grande importance au respect des droits de l’homme, vise à renforcer leurs connaissances et leurs compétences scientifiques et pratiques, de manière à leur permettre de s’acquitter de leurs fonctions avec efficience et professionnalisme.

L’attention particulière portée par l’Institut à la formation des attachés de justice dans le domaine du traitement judiciaire optimal des cas de violence à l’égard des femmes, et ses efforts en faveur de l’amélioration de la formation, découlent de “notre conviction du devoir d’adhésion à la politique de notre pays dans le domaine de la protection de l’être humain en général, tracée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et basée sur une approche intégrée soucieuse des droits de l’Homme tels qu’ils sont reconnus par les pactes internationaux et la constitution du Royaume de 2011”.

M. Touzani a, par ailleurs, salué la coopération fructueuse entre l’Institut, la Présidence du ministère public, le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et la Commission nationale de prise en charge des femmes victimes de violences, afin de développer et d’optimiser la formation dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes, notamment par l’ouverture à la formation à distance, désormais plus facile par le programme “HELP” du Conseil de l’Europe, qui a contribué à la promotion et le développement de formations à distance au profit des attachés de justice sur un certain nombre de questions liées aux droits de l’Homme, tels que la traite des êtres humains et le discours de haine.

De son côté, la présidente de la Commission nationale de prise en charge des femmes victimes de violences, Zhour El Horr, a indiqué que le phénomène de la violence à l’égard des femmes constitue l’une des contraintes qui entravent la diffusion d’une culture des droits de l’Homme et du principe d’égalité, d’équité et de non-discrimination fondée sur le sexe, et la réalisation d’un développement global et durable, compte tenu du coût social et économique encouru par la société en raison de la croissance de ce phénomène, qui a un impact sur la stabilité de la famille et sur son implication dans le processus de développement.

D’autre part, elle a fait savoir que le Maroc a franchi de grandes étapes dans le processus liés aux droits de l’Homme grâce à son adhésion sérieuse au système international et à la ratification par le Royaume de nombreuses conventions en faveur de la protection des droits de l’Homme, notamment les droits liés aux femmes et aux enfants, soulignant que la constitution marocaine a consacré un ensemble de garanties à même de soutenir et de renforcer des mécanismes destinés à interdire et à combattre toutes les formes de discrimination, outre la création de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination.

L’instauration et la consolidation de ces droits qui répondent à la Volonté Royale interviennent à la faveur de l’adhésion des acteurs institutionnels et du mouvement de la société civile, a-t-elle relevé, rappelant, dans ce contexte, l’adoption en 2018 de la loi 103-13 sur la lutte contre les violences faites aux femmes et de son décret d’application en 2019, qui a constitué une phase importante dans le processus des grandes réformes.

Pour sa part, le Chef de la section Gouvernance de la Délégation de l’Union européenne au Maroc, Severin Strohal, a souligné que le Royaume a réalisé de grands progrès ces dernières années dans le domaine de la réforme de la justice, grâce aux efforts des acteurs institutionnels, appelant à remédier aux diverses carences au niveau de la prise en charge psychologique, médicale et sociale et à l’assistance juridique aux victimes.

Après avoir indiqué que les femmes souffrent encore de “certaines formes de fragilité économique et juridique”, M. Strohal a fait observer que la violence à l’égard des femmes a pris de nombreuses formes, car elle n’est plus physique, mais également psychologique et économique, dans les espaces de travail, les universités et les écoles, et dans le domaine numérique.

Dans ce contexte, il a mis l’accent sur l’importance de renforcer les rôles des juges et des avocats dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes, pour contribuer à la consécration des engagements internationaux du Royaume dans le domaine des droits humains, tout en œuvrant pour la promotion de l’égalité par le biais de la jurisprudence.

Le programme de l’atelier comprenait plusieurs interventions qui ont porté principalement sur “le Programme européen de formation aux droits de l’Homme pour les professionnels du droit” (HELP), “le cadre juridique international de lutte contre la violence à l’égard des femmes”, “le cadre juridique national de lutte contre la violence à l’égard des femmes” et “la jurisprudence marocaine tirées du recueil en matière de violence à l’égard des femmes et la violence domestique”.