Casablanca – La délimitation des frontières entre le chantage sexuel et la traite d’êtres humains a été la thématique d’un forum régional, organisé lundi à Casablanca, à l’initiative de la commission régionale des droits de l’Homme Casablanca-Settat et l’Université Hassan II.

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du partenariat entre la commission régionale des droits de l’homme et l’université Hassan II, en droite ligne avec la campagne nationale lancée par le conseil national des droits de l’Homme depuis le 25 novembre 2021 pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et filles.

Cette rencontre a été l’occasion d’associer les établissements universitaires dans le débat sur le phénomène de la violence fondée sur le genre social et de sensibiliser à la propagation et au danger de ce fléau, et la recrudescence de ses manifestations qui frôlent dans nombre de cas les limites du crime de la traite d’êtres humaines qui constitue une grave violation des droits humains des femmes.

Les intervenants à cette occasion ont mis l’accent sur l’importance de l’arsenal juridique adopté au Maroc pour lutter contre les violences faites aux femmes et la traite d’êtres humains, tout en soulevant nombre de contraintes devant la mise en oeuvre de ces lois.

A cet égard, Mme Karima Karroumy, le professeur à l’Université Chouaib Doukkali, a mis en avant le progrès réalisé par le Maroc à travers l’adoption des législations contre les violences à l’égards des femmes et filles et la traite d’êtres humains qui s’inscrivent en droite ligne avec les engagements internationaux du Maroc, notant que le législateur marocain, partant de la gravité de ces crimes, a durci les peines tout en accordant une place particulière à la protection des victimes.

Elle a, dans ce sens, évoqué l’appel du ministère public à tous les procureurs à travers le Royaume à appliquer la loi portant sur la lutte contre la traite d’êtres humains et à accorder un intérêt particulier à la protection des victimes vu la gravité de ce crime dont les effets négatifs ne touchent pas seulement la victime mais la société toute entière.

Pour sa part, Mohamed El Hachimi, représentant du Conseil national des droits de l’Homme, a indiqué que les progrès réalisés en termes de législation demeurent très limités vu le nombre de défis auxquels se heurte l’application des lois relatives à la lutte contre les violences faites aux femmes et la traite d’êtres humains.

Dans ce sens, il a relevé que le législateur a privilégié le volet coercitif au détriment de l’approche préventive, outre la difficulté liée à la qualification des crimes pour qu’ils soient traités comme étant traite d’êtres humains. Il a estimé que l’arsenal juridique marocain ne protège pas assez les victimes, notamment lorsqu’il exige la preuve des faits incriminés.

Selon lui, le CNDH a attiré l’attention dans son avis émis à cet égard sur les lacunes de la loi 27-14 portant sur la lutte contre la traite d’êtres humains, appelant à davantage de soutien, d’accompagnement et de protection de victimes et à l’ouverture à d’autres espaces où ces pratiques peuvent être fréquentes sans qu’elles soient dénoncées notamment dans les métiers non structurés.

Ce forum régional s’inscrit dans le cadre d’une série de forums régionaux organisés depuis novembre 2021 par les différentes commissions des droits de l’Hommes en partenariat avec l’université marocaine en perspective de l’organisation vers fin 2022 des assises nationales pour encourager la dénonciation par les victimes de toutes les formes de violence et d’impunité.