Meknès – La récolte et le stockage des olives dans plusieurs régions du Royaume sont exclusivement assurés par la femme, dont le rôle est déterminant pour la qualité de l’huile d’olive, a indiqué, samedi à Meknès, Siham Rouas, professeure à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II.

Ces deux opérations sont déterminantes à hauteur de 45% pour la qualité de l’huile d’olive, a précisé Mme Rouas, qui intervenait lors d’une conférence sous le thème “La femme dans la filière oléicole : constats et perspectives”, organisée par l’Association des Femmes actives dans la filière Oléicole au Maroc (FAFOM), faisant savoir, dans ce sens, que le pourcentage des femmes employées dans l’oléiculture est estimé à 36%.

Lors de cette rencontre, organisée en marge de la 15ème édition du Salon international de l’Agriculture au Maroc (SIAM), l’experte et membre de l’association, a fait savoir que 93% des productions oléicoles ont une superficie inférieure à 5 hectares, avec des exploitations où la femme est très présente, notamment au niveau de la production primaire des olives depuis le labour à la récolte, regrettant que “ce travail n’est pas rémunéré et rarement comptabilisé dans les statistiques officielles”.

Et d’ajouter que cette filière, qui contribue à hauteur de 5% au produit intérieur brut agricole national, assure 51 millions de journées de travail, soit 380.000 opportunités d’emploi permanent, avec une concentration de 54% de la superficie totale des cultures oléicoles au niveau des région Fès-Meknès et Marrakech-Safi, appelant au renforcement des stratégies de contrôle de qualité pour éviter les huiles oxydés et néfastes pour la santé.

Mme Rouas a ainsi souligné la nécessité de valoriser et rentabiliser les efforts considérables que déploient les femmes au sein de cette filière, et de la sensibilisation des hommes et des femmes pour contrer les inégalités des genres dans les zones rurales, rappelant que l’oléiculture est la principale espèce fruitière cultivée au Maroc avec 65% de la superficie arboricole nationale.

Dans ce même sillage, Malika Bounfour, présidente de coopérative, docteure en Entomologie, a mis en avant la nécessité de développer des outils pour la reconnaissance du travail des femmes dans les vergers familiaux et de les appuyer pour intégrer les sous segments commerciaux.

Pour celles qui commercialisent, a-t-elle enchaîné, la mise en place des normes administratives pour l’accès au marché est cruciale, aussi bien par la formation que la mise en place de normes inclusives mais respectueuses de la santé humaine.

Elle a également appelé à la mise en place d’options de financement et des services d’aide par les ministères clés pour appuyer l’autonomisation économique de la femme comme principe de base pour la parité et l’égalité.

Évoquant le cas de la région d’Al haouz, Mme Bounfour a affirmé que la population détient un savoir-faire en matière de production de produits très divers mais manque d’opportunités pour vendre ses productions et surtout l’olive transformée et l’huile d’olive.

Ce manque d’opportunité de commercialisation, a-t-elle expliqué, est lié aussi bien à la femme, elle-même, qu’au manque d’appui (famille et services publiques), ressources (points de vente, publicité) et services d’appui (formation, orientation).

La présidente de l’association FAFOM, Amal Chami, a fait part, de son côté, de l’entier engagement de l’association au soutien des initiatives des coopératives agricoles et des activités des femmes rurales, à travers un réseau d’échange d’expérience composé d’un panel de professionnelles et visant à catalyser, accélérer et développer l’exécution des projets innovants.

Elle a, en outre, mis en exergue l’importance de la sensibilisation des générations émergentes à la culture des produits oléicoles, notant que la promotion de ces produits est étroitement liée à leur commercialisation dans les marchés nationaux et internationaux.

Elle ainsi fait savoir qu’afin de soutenir le rôle de la femme dans les différentes activités oléicoles, l’association organisera des visites aux différentes coopératives et unités de transformation et de valorisation des produits oléicoles.

Pour sa part, Loubna Amhaïr, ingénieure en agro écologie au sein du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, a fait part de la vision stratégique de son Département visant à mettre en place des mécanismes pour atténuer les contraintes auxquelles font face les femmes travaillant dans l’agriculture, et ainsi réduire les écarts de genre dans ce secteur, tout en s’appuyant sur les potentialités existantes.

Cette vision s’appuie principalement sur la mise à niveau des coopératives féminines des produits du terroir, l’aménagement et l’équipement des unités de valorisation, l’accompagnement des coopératives pour l’accès aux marchés et le renforcement des capacités techniques en termes de marketing et d’emballage.

S’attardant sur le volet marketing, Abdellah Nouhib, professeur à la Faculté d’économie et de Gestion de Guelmim, a mis en exergue l’importance de mettre en place des formations au profit des femmes œuvrant dans l’agriculture afin de les outiller de compétences relatives à la valorisation, la commercialisation et la maitrise de la chaîne de valeur agricole.

Il a également mis en lumière la faible participation des femmes dans le commerce des produits agricoles malgré leur forte présence dans la production de ces produits, notamment les olives et leurs dérivés, appelant au suivi institutionnel pour le développement des compétences des femmes entrepreneures.