Rabat– L’importance de la contribution des femmes pour le développement d’une action climatique plus efficace et plus durable a été au centre d’un atelier de formation, organisé mercredi à Rabat, sur l’intégration de l’approche genre dans la lutte contre les changements climatiques.
Organisé par le Centre de compétences en changements climatiques (4C Maroc), en collaboration avec Alinéa International, cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet “Partenariat d’assistance technique – Mécanisme de déploiement d’expert” (PAT-MDE) mis en place par Affaires Mondiales Canada et avec l’appui de la firme-conseil canadienne Alinéa International.
Lors de cette rencontre, ponctuée par la participation des membres du 4C Maroc et des acteurs concernés par la thématique du genre et changements climatiques, l’accent a été mis sur l’importance d’une meilleure intégration des femmes dans les groupes de décision et de négociation afin d’aboutir à des mesures davantage sensibles au climat et à une meilleure préservation de l’environnement.
“Pour un continent comme le nôtre, vulnérable aux effets du changement climatique, les femmes constituent un véritable atout, souvent sous-estimé, pour le développement d’une action climatique plus efficace et durable”, a soutenu à cette occasion Rajae Chafil, directrice générale de 4C Maroc, soulignant que les femmes sont souvent porteuses de changements positifs opérés dans nos sociétés, et sont “des cheffes de file” de l’adaptation aux changements climatiques.
La différence entre les hommes et les femmes est également notable en ce qui concerne leurs rôles, leurs responsabilités, leur degré de participation aux prises de décisions et l’accès à la terre et aux ressources naturelles, a poursuivi Mme Chafil, regrettant que peu d’actions aient été entreprises au niveau international pour remédier à cette situation.
Dans le contexte des négociations internationales sur le climat, de faibles taux de participation des femmes sont enregistrés, a-t-elle par ailleurs déploré, rappelant que lors de la dernière COP27 à Sharm El Sheikh, les femmes représentaient moins de 34% des équipes de négociation, alors que les hommes ont représenté jusqu’à 90 % dans le cas de certaines délégations.
La responsable du 4C Maroc a, en outre, rappelé que selon plusieurs études, les pays ayant une forte présence féminine dans leurs instances de gouvernance auraient une empreinte climatique plus faible que les autres.
Pour sa part, l’ambassadrice du Canada au Maroc et en Mauritanie, Nell Stewart, a affirmé qu’il est “définitivement admis” que les femmes sont celles qui subissent le plus les effets néfastes des variations du climat, parce qu’elles sont les plus exposées et les plus vulnérables du fait de leur situation et des inégalités et injustices qu’elles endurent.
“Nous devons en conséquence tout mettre en œuvre pour atténuer de manière durable les effets de cette calamité sur les femmes, qui sont confrontées à des risques plus élevés et des charges bien plus lourdes que celles des hommes”, a-t-elle suggéré, insistant sur l’importance de faire valoir les savoirs traditionnels des femmes en matière de gestion durable des ressources et de préservation de l’environnement.
C’est par le renforcement de leur leadership, de leur autonomisation et de leur marge de manœuvre que les femmes parviendront à exprimer leur plein potentiel dans ce domaine, a soutenu l’ambassadrice canadienne.
En matière de Changements Climatiques comme pour toutes les autres thématiques, il est primordial que la voix des femmes soit entendue, que leur capacité d’agir soit libérée et leur présence renforcée, a-t-elle souligné, saluant la tenue de cet atelier qui représente “une excellente initiative pour mettre les femmes au centre des préoccupations et des différents circuits de prise de décision”.
L’égalité de genre est un facteur incontournable dans la lutte contre le changement climatique, a, de son côté, fait valoir Joelle Matte, spécialiste en genre et en climat, mettant en relief quelques obstacles freinant l’intégration du genre dans l’action climatique internationale.
Elle a signalé dans ce sens la sous-représentation du leadership féminin, notamment lors de la COP 27 où seulement 20% des délégations étaient conduites par des femmes qui représentaient 40% des participants de la COP 27.
Dans 34% des Réseaux de diffusion de contenu (CDN), les femmes sont considérées comme “groupes vulnérables”, a regretté la spécialiste canadienne, appelant à remédier au manque de femmes dans les équipes en charge des politiques de climat.
Né d’une volonté royale, le 4C Maroc est l’instrument d’expertise de l’État en matière de changement climatique, chargé d’appuyer les acteurs nationaux et les partenaires régionaux du Maroc dans leur actions contre le changement climatique.
Le Centre 4C a été extrêmement actif depuis sa création en 2016 et a mis en œuvre un nombre important d’actions de renforcement des capacités et d’appui aux politiques climatiques au Maroc, tant au niveau national que local, ainsi que dans le reste de l’Afrique.