Addis-Abeba – Afin d’éviter les conflits futurs liés au climat et garantir la paix et la sécurité pour tous, les politiques et les programmes doivent être axés sur l’égalité des sexes, a souligné jeudi à Addis-Abeba, Nouzha Bouchareb, présidente de l’ONG ConnectinGroup International.
Les différentes politiques doivent prendre en compte les besoins spécifiques des femmes pour garantir leur adaptation et résilience au climat, a préconisé l’ancienne ministre marocaine de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, lors d’un déjeuner-débat sur les défis croisés des changements climatiques et de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité en Afrique (FPS), organisé par le Maroc en collaboration avec l’Union africaine, en marge de la 42ème session du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA).
Mme Buchareb qui est également présidente de la Fondation Maison climat de la Méditerranée et coordinatrice de l’Agenda de l’Action-COP 22, a insisté sur l’impératif de prendre en compte les contributions des femmes dans la planification et la mise en œuvre des politiques en matière de changement climatique, de paix et de sécurité, ainsi que sur le renforcement du rôle clé des femmes dans la gestion des conflits liés à la rareté des ressources.
Il est nécessaire également de renforcer le partenariat entre les gouvernements et les ONG pour soutenir les femmes porteuses de solutions innovantes et de savoir faire ancestraux afin de résoudre les conflits liés au climat et renforcer la résilience environnementale, a-t-elle ajouté, notant que les femmes peuvent agir en tant que médiatrices entre les différentes parties impliquées dans les conflits liés au climat.
Par ailleurs, Mme Bouchareb a appelé les partenaires internationaux à intensifier leur engagement envers les pays africains en appuyant activement les politiques et programmes liés aux défis croisés des changements climatiques et de l’agenda FPS, faisant observer qu’en Afrique, la triple crise a entraîné une baisse de la croissance économique, une réduction de l’emploi et une augmentation de la pauvreté dans de nombreux pays africains.
La triple crise a également eu un impact sur la qualité de vie des populations, en particulier les personnes les plus vulnérables telles que les femmes et les filles, a-t-elle ajouté, notant que les femme sont doublement menacées, tant en termes de sécurité alimentaire qu’en termes de violences sexuelles et sexistes.
A cet égard, elle a fait savoir que le nombre de décès lors de catastrophes naturelles, est 14 fois plus élevé chez les femmes, qui représentent 80% du nombre total des réfugiés climatiques, faisant observer qu’aujourd’hui les facteurs de vulnérabilité se sont amplifiés en raison du contexte géopolitique et économique “tourmenté et instable”.
Par ailleurs, l’ancienne ministre marocaine a rappelé que lors du premier Sommet Africain de l’Action pour une Co-Emergence Africaine, présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en marge de la COP-22, les Chefs d’Etat africains ont reconnu que les changements climatiques constituent une menace à la paix, à la sécurité et au développement durable du continent, et ont exprimé la volonté de consolider leurs engagements respectifs en matière de lutte contre les changements climatiques.
Passant en revue les engagements du Maroc en matière de lutte contre les changements climatiques, Mme Bouchareb a notamment rappelé le lancement de plusieurs initiatives à l’échelle nationale et au niveau continental, tout en intégrant la composante genre à travers des plans d’adaptation, des programmes de sensibilisation et de renforcement des capacités des femmes, ainsi qu’à travers le soutien aux initiatives portées par les femmes.
En outre, le lancement du Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité est une étape importante, marquant l’attachement du Maroc, sous la Haute Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l’égalité des sexes et la promotion des droits des femmes comme fondements de la paix, de la sécurité, et du développement pour une société juste, démocratique et égalitaire, a-t-elle ajouté.
Le Maroc, est novateur dans la mesure où il a élaboré un plan faisant le lien entre l’agenda FPS et les Objectifs du développement durable et réussi à intégrer la vision 2063 de l’UA, a-t-elle noté, estimant que les plans d’action nationaux ne doivent pas être une fin en soi, mais des plateformes politiques d’action collective, entre gouvernements, organisations internationales et régionales et ONG, permettant de faire progresser l’égalité des genres, améliorer la résilience et maintenir la paix.