Rabat- Le film “Fatema, la sultane inoubliable” du réalisateur Mohamed Abderrahman Tazi a été projeté, mardi soir au lycée Descartes à Rabat, en l’honneur de l’icône du féminisme marocain Fatima Mernissi, dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la langue arabe qui intervient le 18 décembre.
Depuis que l’UNESCO a acté cette date comme Journée mondiale de la langue arabe, les établissements français célèbrent tous les ans la langue et la culture arabes en organisant à cette occasion des moments forts qui mobilisent les élèves et les équipes pédagogiques.
Pour l’édition 2022, l’ensemble des équipes pluridisciplinaires du pôle Rabat-Kénitra se sont mobilisées pour offrir aux élèves un programme d’actions pédagogiques qui célèbre la langue arabe dans ses différentes dimensions spatiales et temporelles, traditionnelles et modernes.
Projeté au lycée Descartes et d’une durée de 116 minutes, “Fatema, la sultane inoubliable” retrace le parcours exceptionnel de la sociologue marocaine Fatima Mernissi, l’une des femmes les plus influentes dans le monde arabe, qui a consacré sa vie à une lutte acharnée pour les droits des femmes, pour la réflexion et pour la production académique.
“Je tenais à rendre hommage à Fatima Mernissi, la sociologue, l’écrivaine et la combattante des droits de la femme à travers ma vision de cinéaste” a déclaré le vétéran du cinéma marocain Mohamed Abderrahman Tazi à l’occasion de cette projection, ajoutant que l’intellectuelle marocaine s’est toujours intéressée au féminisme, à l’Islam et à la modernité.
“Je l’ai fréquentée depuis l’enfance et l’ai accompagnée dans ses travaux sur le terrain, dans ses moments de joie et de tristesse”, s’est également remémoré M. Tazi, saluant le “pouvoir extraordinaire” qu’avait la sociologue pour mettre à l’aise ses interlocuteurs, sa façon de les interviewer, la passion qui l’animait et l’amour qu’elle portait aux gens.
Et de poursuivre que Fatima Mernissi a toujours allié l’analyse, la pertinence, la compréhension en profondeur et la mémoire personnelle et collective en offrant une vision “originale” du monde arabe qui doit “assumer ses contradictions et ses peurs pour gagner le pari de la modernité”.
“Depuis le 8 mars, Fatima Mernissi fait partie de nos mûrs puisqu’une salle lui a été dédiée et nous souhaitons perpétuer sa mémoire et transmettre ses valeurs aux générations futures”, a, pour sa part, indiqué la proviseure du lycée Descartes, Najat Delpeyrat, faisant part de la détermination de l’établissement à contribuer à la transmission de l’héritage de celle qui a mené un long combat pour la liberté et la justice.
Née à Fès en 1940, Fatima Mernissi étudie dans l’une des premières écoles privées mixtes du Maroc et poursuit des études de droit à Rabat. En France, elle décroche une bourse à la Sorbonne et obtient aux États-Unis, en 1974, un doctorat de sociologie à l’université américaine de Brandeis.
Devenant par la suite professeur de sociologie à Rabat et militante des droits de l’homme, la sociologue marocaine est, dès les années 1980, à l’origine de la création d’associations de femmes qui militent pour leur reconnaissance sociale, professionnelle et créative. Revendiquant la multidisciplinarité et l’action sur le terrain, elle a animé jusqu’à ses derniers instants des groupes de travail ainsi que des ateliers d’écriture pour penser l’avenir.
Considéré comme un pionnier du cinéma marocain, Mohamed Abderrahman Tazi est né en 1942 dans la ville de Fès. Il étudie à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) à Paris d’où il sort diplômé en 1963. Il poursuit ensuite des études de communication à l’université de Syracuse, dans l’État de New York.
Mohamed Abderrahman Tazi tourne un premier long métrage de fiction en 1981, “Le Grand Voyage”, puis réalise et produit “Badis” en 1989, “À la recherche du mari de ma femme” en 1994 et “Lalla Hobby” en 1997. De 2000 à 2003, il est directeur des productions à la deuxième chaîne de télévision nationale “2M”.